Mais depuis que nous sommes au Cambodge, le scénario est toujours le même: à peine attablés, les petits mendiants défilent. Des enfants "You buy me book?", des mamans avec leur bébé dans les bras, des petites filles guidant leur pères aveugles, des infirmes, des mutilés, des estropiés... Hier soir, un adolescent, 16 ans. Juste un tronc et un sourire, pas de jambes, pas de bras. Il se déplace en sautillant, sur des trottoirs tellement sales et encombrés qu'on rechigne parfois à y poser les pieds.
Impossible de décrire ces centaines de visages suppliants, parfois méprisants, parfois souriants. Des mamies édentées, des toutes petites filles qui dansent entre deux suppliques, des garnements des rues, roués à tous les coups, des enfants qui vieillissent beaucoup trop vite...
You buy me book?
No.
Why? One dollar is nothing for you, and you see me starving.
Côtoyer la pauvreté extrême, c'est éprouvant. Alors on a adopté une ligne de conduite, pas la meilleure, pas la pire, juste celle qui nous convient le mieux, celle qui nous semble le plus en accord avec nos principes. Celle qui est communément prônée par les ONG. Ne jamais donner d'argent à un enfant, ne jamais lui acheter quoi que ce soit. En donnant, on encourage les parents à retirer leurs enfants de l'école, parce qu'ils rapporteront plus en mendiant. Même s'il est vrai que souvent, il n'y a même pas d'écoles pour ces gamins... Ne jamais donner non plus aux adultes qui utilisent les enfants pour mendier. De temps en temps, on leur donne de la nourriture, mais jamais d'argent.
Pour les autres, il y a la petite monnaie... et on se heurte à nos doutes, à nos interrogations, pourquoi celui là plutôt qu'un autre?
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