Madame G. s'enfonça en soupirant de bonheur dans son fauteuil. Qu'elle s'annonçait belle, cette après-midi de détente qu'elle s'accordait enfin! Une tasse de thé vert fumant à la main, elle contemplait en souriant son reflet dans le miroir. Elle s'amusait de son visage...les morceaux d'aluminium destinés à délimiter ses futures mèches acajou formaient un casque d'astronaute. Ce soir, pour fêter ses cinquante ans, elle allait être ravissante. De temps en temps, elle répondait vaguement à l'incessant babillage de Julie, sa jeune coiffeuse... Une pile de revues à portée de main, les pieds bien au chaud dans de confortables chaussons fourrés, un moment de plaisir à savourer pleinement...
C'est alors que la porte du salon de coiffure s'ouvrit brutalement. Une voix hésitante au fort accent français chevota: "Elle est à qui la voiture garée devant?"
Madame G se redressa d'un bond. NON! Pas ça! Pas sa toute nouvelle Opel Corsa! En chaussons dans la neige, un bonnet de plastique tremblotant sur la tête, la pauvre Madame G ne put que constater les dégâts... Sa petite auto était toute cabossée, alors que l'énorme Chevrolet Malibu de cette maudite française n'avait rien, pas une bosse, pas une égratignure... Et cette petite sotte qui n'en finissait plus de s'excuser, avec ses intonations irritantes et son air de cocker apeuré!
Madame G passa le reste de son après midi de relaxation à téléphoner à son assurance et à remplir des constats. Julie, trop occupée à raconter l'accident à toutes ses collègues, oublia les mèches acajou de Madame G, qui virèrent au blond platine à reflet vert pomme. Le mari de Madame G., voyant son épouse revenir en pleurs, le visage déformé par la colère, n'eut d'autre solution que d'annuler le party des 50 ans, ce qui entraina des dépenses substantielles. Il se demande à présent comment payer la franchise demandée par ces voleurs d'assureurs.
La petite francaise n'aura pas de franchise à débourser, ni de contretemps de garagiste "laiss mouen lâ cor' jusqu'à d'main el'va êt' comm neu'" à supporter, ni de malus à payer. Mais elle profite de tout ça pour manger plein de chocolat, parceque quand même, toutes ses émotions, ça la bien secouée...
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Bon, avec ces émmtions, elle va bien, la petite française? Merci, j'ai bien rigolé avec Mme G,la pauvresse!
RépondreSupprimerGros bisous du chaud, avant mon départ pour le froid (moins que chez vous, je crois, quand môm!)
Kat qui pense à vous