Nous voilà de retour... Vers la fin juillet, nous nous sommes décidés à louer un luxueux "condo" avec vue sur l'immense lac de Magog, à une trentaine de kilomètres de Sherbrooke. Comme il nous fallait attendre jusqu'au 1 aout pour emménager, et qu'au vu de notre loyer nos arrières petits enfants auront encore à rembourser nos dettes, on a décidé de faire la seule chose raisonnable en tel cas: nous sommes partis en vacances. En Gaspésie. Oui, je sais, il y a encore deux semaines, nous non plus on ne savait pas ou c'était, mais ça avait l'air beau... Sauvage et romantique en diable, la
Gaspésie...
En fait c'était surtout pluvieux. Venteux. Froid. Brumeux. Bruineux. On a acheté des bottes de pluie et des vestes polaires. Un beau temps d'été pour les Gaspésiens, quoi...
Et puis le camping sous la pluie, ça a un charme fou... Car oui, nous sommes partis faire du camping: le premier couple de canadiens (ils sont trop forts ces canadiens) que nous avons rencontré nous a gentiment prêté tente, sac de couchage, matelas, réchaud, etc. Çà devait être pour nous mettre à l'épreuve:
Tu veux-tu t'installer au Canada? Voyons voir comment tu te débrouilles en camping!Mal, on se débrouille mal. Patrice a lamentablement échoué à l'épreuve de l'allumage du feu pour faire griller nos steaks (Bon, on n'avait pas de steaks, alors ça compte pas vraiment) et j'ai pas été brillante non plus sur la gestion des vivres. Et puis en plus, on ressemblait à rien avec nos bottes de caoutchouc quand TOUS les canadiens, de 24 mois à 99 ans ont des chaussures de marche de compet'. Avant 24 mois, ils ont un landau de cross et après 99 ans des cannes tout terrains. Nous, on avait des bottes de pluie. La honte.
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En vrai, la Gaspésie, c'était certes parfois un peu humide, mais on a passé des moments magiques: le fleuve St Laurent à perte de vue, les côtes escarpées, les parcs nationaux et les randonnées qui permettent d'apercevoir des phoques qui se prélassent sur les rochers, les rivières à saumon, l'une des plus grandes colonies au monde de fous de Bassan, la gentillesse des Gaspésiens qui sont tout joviaux au moindre rayon de soleil et on les comprend bien, ils passent la majeur partie de l'année enfouis sous des tonnes de neige, et j'en passe...
Et puis l'avantage de dormir dans sa voiture (é-co-no-mies!) c'est que ça permet de voir les couchers de soleil, certes, mais aussi les levers! Et si ça c'est pas romantique...
On a mangé plein de saumon, bu plein de bières sur lie, c'était fort bon...
Et puis on a vu (dans un parc animalier): des caribous (c'est pas trop beau), des orignaux (c'est pas trop beau non plus mais c'est tellement énorme que tu vas pas lui dire, pour pas qu'il prenne peur), des phoques, des loutres, des ratons laveurs (on dirait les daltons en train de fomenter un plan d'évasion, d'autant plus qu'ils se suivent souvent à la queue-leu-leu), des loups, un coyote, et puis surtout un porc épic, avec lequel Patrice est tombé en amour...
Et puis enfin, et SURTOUT, on est allé visiter le parc national de Miguasha, une falaise dans laquelle on retrouve des fossiles vieux de 300 millions d'années (!) en parfait état de conservation. Et alors? Et alors, le parc est inscrit au Patrimoine Mondial de l'Unesco. Et un de plus, un!
L'histoire (véridique) du poisson qui s'est noyé:
Au cours de l'évolution, certains poissons ont commencé à sortir de l'eau, et pour pouvoir respirer à l'air libre, ils se sont dotés de poumons. De nos jours, il subsiste encore une variété de poisson qui dispose à la fois de branchies et de poumons. Le parc de Miguasha possédait un de ces spécimens dans un bel aquarium. Mais Némo (soyons original) n'avait pas toute l'évolution devant lui, et son instinct lui ordonnait de sortir sur la terre ferme, histoire de commencer à coloniser tout ça. Donc Némo s'échappait régulièrement de son aquarium, et on le retrouvait sur le sol, respirant à l'air libre grâce à ses poumons. Pour le remettre à l'eau, il fallait le mouiller progressivement pour lui faire comprendre qu'il lui faudrait désormais passer en mode "branchies". Or, un jour, un gardien de nuit, qui n'était pas au courant de la particularité de Némo, surprit le poisson lors d'une de ses tentatives d'évasion. Le gardien, affolé, pensa que le poisson hors de son aquarium allait s'asphyxier, et il se dépêcha de le replacer dans l'eau. Le pauvre Némo, qui n'avait pas eu le temps de bloquer ses poumons, prit une grande bouffée... d'eau, et il périt noyé. Tragique, non?


